mardi 14 octobre 2008

Faut-il punir les enfants ?


Face aux désobéissances et aux caprices des enfants, souvent la sanction parentale tombe. Mais faut-il punir ses enfants ? Dans quels cas et quels types de punition faut-il appliquer ? Le point sur la meilleure façon de poser les interdits.

« Mon fils ne m’écoute pas et n’en fait qu’à sa tête ! » Se plaint Khadija, maman de Amine, 7 ans. « Il répond tout le temps ! Il accumule les bêtises ! Le dialogue ne marche pas avec lui. Il me croit faible et incapable de le punir. Je n’ai jamais eu ce problème avec sa sœur aînée. Elle est de nature tranquille et obéissante, mais lui, il fait toujours le contraire de ce qu’on lui demande », ajoute cette comptable de 40 ans.


« Un enfant têtu est un enfant qui se défend contre un adulte oppresseur et répressif», affirme Dr. Assia Akesbi Msefer. De l’avis de cette psychologue, « il faut éduquer l’enfant au dialogue dès son premier âge, l’écouter, accepter qu’il dise non, accepter ses envies, ses demandes, répondre à toutes ses questions… ».


L’image des parents autoritaires des décennies antérieures quand fessées, claques, voire coups de martinets volaient pour presque rien, disparaît donnant lieu à un assouplissement dans les relations parents-enfants, où l’amour a remplacé les principes de droit et de devoir.


Mais… Que faire face aux désobéissances des enfants ?
« J’en ai assez de toutes les bêtises qu’il fait », lance Amina, femme de foyer et mère de Achraf, 9 ans. «Il n’écoute pas ce que je lui dis…Ni le dialogue ni la punition n’ont donné de résultat. Je le punis souvent et maintenant il me défi…Il me laisse le frapper sans se plaindre et en me regardant droit dans les yeux. J’ai tenté aussi de lui interdire des choses (jouer avec ces amis, son argent de poche) mais en vain. Je ne sais plus comment me comporter avec lui. Pourtant je ne veux que son bien… », conclut amèrement cette mère de famille.
Cette situation est tout à fait normale, explique Dr. Akesbi. « Un enfant apprend de ses erreurs et par expérience, les enfants punis sont ceux qui transgressent les normes. Plus on les punit, plus ils tiennent tête, ils font toujours pire et ils lancent toujours des défis. La punition ne sert à rien ».
Les normes et la loi sont mises au bon vouloir des parents, insiste cette psychologue, et un enfant a le droit de se révolter contre ces normes là et de les refuser. « L’adulte se donne le pouvoir de lui donner ou de lui retirer, et il abuse de ce pouvoir comme il lui plait…De cette manière, l’enfant sera mis dans la confusion totale. Il est amené à penser que les normes n’ont rien d’objectif ou d’utile, mais elles sont faites plutôt pour l’embêter », poursuit Assia Akesbi.
L’erreur est humaine et un enfant apprend de ses erreurs, certes, mais cela n’empêche qu’il faut l’éduquer au respect des limites. « Un enfant a besoin de savoir que tout n’est pas permis, qu’il ne peut pas tout faire ni tout obtenir…Qu’il y a toujours des lignes rouges et des interdits. Le premier interdit c’est de respecter l’autre et de respecter les limites de son entourage mais sans le punir », insiste Dr. Akesbi.


Et si c’est pour son bien ?
« Je déteste punir Amine mais il m’oblige à le faire », déplore Khadija. « Chaque fois qu’il a des devoirs de classe, il refuse de les faire. Je consacre le temps qu’il faut pour l’aider à les réaliser, mais il refuse toujours. Pour lui les devoirs sont faits pour l’embêter… ».
Concernant les devoirs, c’est un grand tort que nous faisons aux enfants, déclare Dr. Akesbi. Les enfants passent 6 à 7 heures de cours en classe et en plus, on leur impose de faire des devoirs à la maison.
Solution ? « Si on n’arrive pas gentiment à leur expliquer que nous sommes avec eux et que nous estimons que c’est beaucoup mais que c’est la loi en classe, on ne pourra pas réussir en leur imposant les devoirs parce que c’est déjà un tort que nous faisons aux enfants, on abuse : l’école, la maison, les devoirs…c’est trop pour eux », conclus notre psychologue.


Comment trouver un équilibre entre ces deux excès ?

Le dialogue reste la meilleure solution : « On commence très tôt, dès que l’enfant commence à se déplacer à quatre pattes. Quand il touche à des objets qu’on ne veut pas qu’il approche, on lui dit que c’est interdit... On commence par lui interdire ce qui peut lui faire mal (se brûler, se blesser, tomber) et toucher ce qui ne lui appartient pas. Il faut lui dire : tu ne prends pas ce qui ne t’appartient pas, moi non plus je ne te prends pas tes jouets », affirme Dr Akesbi.
Par ailleurs, si on veut imposer des limites à l’enfant, il faut commencer par soi-même. Il faut s’interdire de l’insulter, de l’humilier, de l’agresser… « Le respect des limites commence par l’adulte. Il doit lui donner l’exemple. Beaucoup de parents n’arrivent pas à communiquer les limites de cette manière là parce que ces adultes eux-mêmes ne les respectent pas. A quoi sert d’interdire à l’enfant de mentir quand les parents mentent ?! L’enfant observe tout ce qui se passe autour de lui ».


Punition et culpabilité

Après avoir puni son enfant, un sentiment de culpabilité pèse sur les parents : « Est-ce que je ne vais pas le traumatiser ? », « Est-ce que je suis une bonne mère ? »Généralement la punition engendre la frustration de l’enfant, qu’il renvoie sous forme d’agressivité que les parents ont du mal à supporter, car ils la considèrent comme la preuve d’un désamour.« J’ai souvent des remords après l’avoir puni, je me sens coupable en quelque sorte », lance Amina.D’après la psychologue, ces parents ont de quoi de sentir coupables. Ils sont dans leur tort.
Dans ce cas, « Il faut qu’ils parlent à l’enfant. Lui dire : excuse-moi, j’étais en colère, je ne me suis pas maîtrisé, je n’ai pas le droit de te frapper... ».Il faut faire prévaloir le dialogue et le respect dans la relation parents/ enfant parce qu’ils constituent la base de la bonne éducation.

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