mardi 7 octobre 2008

La solitude, un comportement de fuite


Comment vivons-nous la solitude dans la société actuelle ? Est-elle une amie ou une ennemie ? Devient-elle positive des fois ? Peut-on en tirer des bénéfices ? Autant de questions auxquelles répond Dr. Mouhcine Benyachou, psychiatre-sexologue à Casablanca.

- Comment vit-on la solitude dans une société qui ne cesse de faire l’éloge de la famille et du couple ? Est-elle une amie ou une ennemie ?

- La manière dont on vit la solitude diffère en fonction de la structure de la personnalité elle-même. Je m’explique : Il y a des personnes schizoïdes, qui s’orientent toujours vers l’isolement et la solitude, mais il s’agit de cas plus en ou moins pathologiques. Et il y a d’autres personnes qui manifestent une certaine phobie sociale, principalement parce qu’une personne qui a énormément de capacités mentales a des difficultés à comprendre les autres. Et ainsi elle prend la solitude comme moyen d’évitement du facteur de stress relationnel.Et il y a de véritables cas pathologiques comme la psychose, la schizophrénie ou d’autres états psychotiques en rapport avec la toxicomanie qui génèrent ce comportement de fuite.


- Plusieurs personnes se sentent seules même en étant entourées de personnes qui les aiment. Comment peut-on expliquer ce sentiment ?

- Ce sentiment peut parvenir de la relation avec les parents, l’entourage familial ou de la personne elle-même. Se sentir seul est un sentiment qui peut émaner d’une mauvaise relation avec la famille, de la dépression, ou d’une tendance de la personne elle-même à s’isoler de ces proches. Ce sentiment doit être forcément un signifiant ou une traduction de quelque chose d’autre. Alors il faut d’abord déterminer exactement le motif de ce sentiment : une dépression, un conflit au sein de la famille, des problèmes de communication de la personne avec ces parents et son entourage…La solitude est un complexe qui n’est pas forcément pathologique mais généralement ce n’est pas un bon signe de santé.


- Comment la solitude peut-elle influer sur le comportement de la personne ?

- Tant que la personne est seule, elle va passer son temps à réfléchir, penser...et dans ce cas elle sera exposée à beaucoup de colletions négatives. Mais l’impact au niveau des autres diffère selon le facteur de suggestion (dépression, phobie sociale, des conflits conjugaux, des problèmes familiaux…) et par la suite, les conséquences seront plus ou moins gravissimes selon le facteur qu’elle reçoit et la structure de la personnalité. On assiste parfois à des cas de suicide générés justement par ce sentiment de solitude qui s’est développé vers une dépression.


- Peut-on positiver sa solitude ? faire d’elle un moment de créativité ?

Justement, Parfois il est bénéfique de rester un peu seul, de souffler un peu, de respirer, de se relaxer, de se reposer, de voir moins de gens, de revoir ses relations avec la famille … La solitude peut devenir positive des fois. Elle vous permet parfois d’avoir moins d’interaction. Parce que la société actuelle c’est une société qui cherche l’interaction et la communication. L’individu actuel est continuellement en relation avec un autre monde. Il est tout le temps en train d’écouter de la musique, de voir la tété, de se connecter sur internet…pour cela il est parfois bénéfique de s’isoler complètement du monde citadin et de couper ces liens qui génèrent tant d’angoisse. C’est comme un retour vers la personne elle-même.

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